Arcanes des Dragons Cendrés - Chapitre Un

Chapitre Un : Esclavage ou Enrôlement ?
Episode Un


- GERMUNE ! AEDESS ! PLOC ! DRARRIOR !

Ainsi résonne une voix tonitruante et autoritaire au milieu du champ de tentes installé sur l'un des plateaux du flanc Est de la Chaîne des Monts Rouges.

La propriétaire de cette voix soupire en obtenant que trois réactions à son appel. Elle prend la direction de la tente de la voix manquante à l'appel, située sur la bordure du camp. Elle profite de cette traversée pour saluer quelques uns de ses « hommes ». Elle en profite également pour alpaguer un gobelin qui passait par là.

- Ukir !
- Oui, Cap'tain ?
- Vas dire à Aedess, Drarrior et Ploc qu'ils ont dix minutes pour se réunir à la sortie Nord du camp. Et équipés !
- A vos ordres, Cap'tain !
- Ah !... Et préviens Yumi aussi !

Sur ces mots, le gobelin disparaît au milieu des tentes, tandis que son supérieur pénètre dans la tente de la fameuse Germune. Une fois à l'intérieure, l'intruse balaye la tente d'un regard circulaire et finit par s'arrêter au niveau d'un tas de couvertures. Elle s'approche en soupirant, empoigne les fourrures et les balance loin du corps qu'elles dissimulaient difficilement à la lumière du jour. Puis elle shoote dans les pieds massifs de l'orque ainsi révélée.

- On se réveille, soldat !
- Grmpf...
- Hors de question ! Le jour est déjà levé depuis trois heures.
- Hmrmpf....
- Veux pas le savoir ! T'as huit minutes pour te préparer et te pointer à la sortie Nord.
- ...
- C'est un ordre de ton supérieur !..... A moins que tu préfères ne pas participer à la prochaine bataille ?
- Lyne ! Tu peux pas me faire ça !
- J'vais m'gêner tiens ! Et c'est Capitaine Lyne, maintenant..... Tu devrais te magner le fion, t'as plus que six minutes ! Dit-elle en écartant le pan de la tente.

A peine sortie, l'humaine en armure entend une série de jurons orcs et de bruits métalliques en provenance de la tente. Contente d'elle, Lyne s'esclaffe et s'éloigne en direction de la sortie Nord pour rejoindre ceux qu'elle a convoqué.


. .
. . .


Effros... Cité marchande des Monts Rouges... Plaque tournante du Royaume de Tévinter, cette cité minière est également le plus grand marché d'esclaves du royaume. Après tout, il s'agit de la ville incontournable pour tout voyageur qui pénètre en terre tévintide par le flanc Est des Monts Rouges, dernier bastion des peuplades des Royaumes oubliées. Cette cité est également le plus grand marché d'armes et d'armures.

En tout cas, c'est ce que disent les légendes de la tribu des « Pandragons ».... Et malheureusement pour nous, nos légendes ont la vie dure.... Surtout à cause du fait qu'elles ne remontent qu'à deux ou trois générations précédentes... Et c'est donc avec une certaine appréhension, ou plutôt une appréhension certaine, que j'avance au devant de cette cité.

Cela fait maintenant près de deux mois que j'ai quitté ma tribu et c'est la première ville qui croise ma route. Jusque là, ce ne fut que de petits villages tribaux nomades, pas vraiment hospitaliers avec les étrangers. Qu'on soit de la même race ou non d'ailleurs....

Mais bon... revenons-en à la cité d'Effros, avec ses grandes cheminées en pierre, vociférant fumées noires et fracas métallique.... Enfin, c'est ce que me dit le conducteur du chariot quand je lui demande de me décrire ce qu'il voit. Après tout, j'ai beau être un « chaman », je ne vois pas et entends très mal à travers la fourrure qui recouvre la cage de fer que j'occupe malgré moi.....

Au bout d'une bonne heure de cahotement et de grommellement, le chariot finit par s'arrêter et aux murmures de mes voisins encagés, j'en déduis que nous sommes arrivés au poste de contrôle de la ville. Bon d'accord.... C'est aussi, et surtout en fait, parce qu'un « HALTE » vient de retentir devant le convoi...

- Bonjour Sergent ! Que se passe-t-il ?
- Bonjour Maître Kimber. Cela fait un moment que l'on ne vous pas vu dans les parages.
- Il est vrai. J'ai du aller assez loin pour finalement n'obtenir que peu de marchandises...
- En parlant de ça... Vous allez devoir passer la Grand Place avant d'aller déposer votre cargaison.
- Pour quelles raisons ?
- Une loi a été instaurée depuis votre départ. Toute compagnie de mercenaire présente en ville à priorité d'achat sur toute marchandise fraichement entrée en ville.... Et il se trouve qu'il y a actuellement une délégation des « Dragons Cendrés » en ville, sur la Grand Place justement.
- Allons bon... C'est une loi qui n'est pas très bonne pour les affaires ça... Bon, vu que je n'ai pas le choix, je me plierai donc à cette loi. Sur ce, bonne journée Sergent.
- Vous de même, Maître Kimber.

Le chariot reprend donc sa route et pénètre ainsi à l'intérieur de la cité minière. Le fracas métallique des nombreuses forges et autres bâtisses du même genre recouvre presque entièrement le vacarme présent dans la rue principale. Hurlements par-ci pour des armures, hurlements par-là pour des épées.... Tout ce boucan assaille mon ouïe sensible et j'en viens à remercier silencieusement le conducteur du chariot, vendeur d'esclaves notoire, d'avoir mis une fourrure épaisse sur ma cage.

Plus nous avançons dans la ville, plus les bruits de marteaux et les hurlements de revendeurs disparaissent pour laisser place à une voix tonitruante almors que le chariot ralentit et finit par s'arrêter...... Pour que je l'entende aussi bien à travers la fourrure, faut qu'elle est du coffre quand même cette personne. A moins que le chariot se soit arrêté juste à coté.

- ....LES DRAGONS CENDRÉS RECRUTENT !....

C'est tout ce que je retiens du flot de parole débité à l'instant. Il doit s'agir du chef de la délégation de la compagnie de mercenaires évoqué par le garde à l'entrée de la ville. Et tandis que j'essaie d'imaginer à quoi peut bien ressembler la propriétaire de cette voix, Kimber descend du chariot et s'éloigne. Surement pour aller à la rencontre de cette personne.

Il revient quelques secondes plus tard. Aux bruits de pas, il doit avoir ramené deux personnes avec lui.

- Bien ! Alors voici les marchandises fraiches que j'ai à vous proposer. Je tiens à préciser qu'elles viennent toutes des Monts Rouges.
- ...
- J'ai en premier, ce magnifique spécimen d'elfe noir, capturé il y a 3 semaines. D'après ce qu'on m'a dit, il se serait un banni.
- Yumi ? T'en penses quoi ?
- Hum... l'éclat dans ses yeux est terne... même si son corps me semble correct pour un aussi jeune elfe, il même plus envie de vivre... Ça serait une dépense inutile.
- ...Ok... Suivant !
- Voici maintenant un jeune Orc. Il s'est lui même offert en tant qu'esclave il y a 1 mois. Dernier survivant d'un clan apparemment...
- Ses muscles ont un peu fondus.... ça aurait pu valoir le coup s'il n'y avait pas cette tristesse dans son regard...
- Et puis on n'est jamais trop prudent avec les orcs... Un jour ils vous apprécient et le lendemain ils bousillent tout... Suivant !

Elles continuent ainsi à « faire leur marché » en étudiant chaque esclave présent sur le chariot. Je dis bien « elles » car j'ai remarqué leur nature de femelle au timbre de leur voix.... Au final, être enrôlé de force revient à être esclave, malgré tout...

- Vous êtes dur en affaire pour des mercenaires....
- Si on enrôle quelqu'un, c'est pas pour qu'il crève dès la première bataille !
- Et puis faut avouer que vous n'avez pas grand chose d'intéressant, Maître Kimber...
- ... Espérons que ma dernière pièce vous conviendra plus... dit-il en soulevant les fourrures qui recouvrent ma cage.

La lumière aveuglante du soleil m'atteint enfin, m'éblouissant complétement et me fermant à fermer les yeux.

- Un drakonien ! Rien que ça !
- ... Et pas trop mal avec ça...
- En effet ! Un drakonien ! Capturé il y a une semaine... j'ai eu du mal à l'obtenir vu que le groupe d'esclavagiste à subis des pertes lors de sa capture. D'après ce qu'il m'ont dit, il aurait tué deux hommes sans les toucher...
- Voyez-vous ça... Hey, mon frère ! Ouvres les yeux, sinon tu n'arriveras pas t'habituer à la lueur du jour !
- « Mon frère » ?

Interloqué par cette familiarité, je m'exécute. Devant mes yeux se met à danser une myriades de couleurs et finalement je commence à distinguer les détails de ce qui m'entoure. Je balaye la place du regard pour bloquer sur mon interlocutrice.

Spoiler:

Mon cœur s'arrête de battre quelques instants, ou du moins c'est l'impression que j'ai sur l'instant.

- Eh bien ? Tu vas laisser cet humain te présenter comme une marchandise banale ?