ShéWa, Taverne du Crazy Dog
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ShéWa, Taverne du Crazy Dog

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 Encre Gelée

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2 participants
AuteurMessage
Guilhem Svinoy

Guilhem Svinoy


Fonction/Rôle : Magelame Ecrivain
Localisation : Dans son livre
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MessageSujet: Encre Gelée   Encre Gelée Icon_minitimeMer 8 Fév - 20:13


Il faisait froid. Bien plus que dans le désert. Et plus humide. Et plus venteux. Il neigeait presque sur la plaine, où progressait le vagabond. Ce dernier grelottait, malgré les bandes de tissu qu’il s’était enroulé autour des bras, et la cape qu’il tentait de garder refermé sur lui, pour conserver la chaleur. Néanmoins, sa bouche s’ouvrait et se refermait par intermittence, produisant une rythmique très sympathique avec sa bouche, crachant par à-coup de la vapeur.

« Dois...continuer...pas...s’arrêter... »


Son ventre se mit à hurler famine, ses boyaux s’agrippant à son estomac pour le faire réagir, le traînant à moitié au sol. Il porta sa main à son ventre, le pressant en espérant ressentir moins la faim. S’il s’arrêtait maintenant pour fouiller l’épais paquetage qu’il portait sur le dos, il ne repartirait sans doute pas, tant ses jambes étaient engourdies par le froid. Si seulement il pouvait trouver de la nourriture au beau milieu de son chemin.

« Wouaf ! »


Youpi, un chien ! De la viande fraîche ! Hum, non, mauvaise option, le chien cru, ce n’est pas bon. Puis, les propriétaires, généralement, après, ne sont pas contents. Et ce beau chien, ne pouvait sans doute pas être un pauvre dogue errant. Pas avec un poil aussi soigné. Soupirant, tout en fixant le chien, il demanda tranquillement, comme s’il espérait une quelconque conversation.

« Hey, le chien ! Alors...tu t’es perdu ? Ou bien tu te ballades ? »

Pas de réponse du chien bien sûr, mais ce dernier semblait l’écouter, comme s’il le comprenait. L’humain soupira, tout en continuant son chemin :

« Bon, tu saurais pas où trouver à manger des fois ? Genre euh...du miam miam ? »

Le chien pencha la tête un instant, puis partit en trottinant. Le magelame dépité agita les bras, braillant :

« Hey ! T’aurais pu me répondre ! Oh et puis à quoi bon... »


Il continua quelque temps son chemin, jusqu’à ce qu’un trottinement se fasse entendre derrière lui. Il se retourna, contemplant le chien qui lui ramenait. Un bol. De soupe. Avec des légumes dedans. Et des morceaux de viande. Le tout bien fumant.

« Yeah ! Ca c’est un bon toutou bien c... »

Il remarqua un papier accroché au bol, par l’opération du Saint Esprit. Curieux, il prit le papier entre ses doigts gelés, et la déplia, lisant à voix basse le contenu du papillon. Ses lèvres restèrent entrouvertes, ses mots suspendus. Une note. Une facture. Pour la soupe qu’il avait entre les mains. Il regarda le chien, la note, le chien, la note, sa tête effectuant un mouvement de balancier entre les deux. Il balbutia :

« Si il y a une note, alors il y a une auberge et donc...je peux manger au chaud ! »

Et avoir un plat qui lui plairait plus. C’est qu’il détestait les choux. Et une bière avec, une bonne bière fraîche, oh oui. Il fit volte-face en direction du chien, et le pointa du doigt, s’exprimant avec son lourd accent du désert, et un air soudainement des plus dynamiques :

« En avant chienchien ! Montre-moi où tu as piqué ça, et je te trouverais sans doute un bon gros morceau de viande ! »


Bon, il n’avait presque plus d’argent, mais ça ce n’était pas un problème. Pour l’instant.

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Asalte Warlaf

Asalte Warlaf


Fonction/Rôle : gérante de Taverne
Localisation : dans une niche
Humeur : De chien toujours!
Messages : 257
Age : 40

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MessageSujet: Re: Encre Gelée   Encre Gelée Icon_minitimeDim 12 Fév - 20:09



Chapitre VI Encre Gelée

Episode 1: Soupe, sueur froide et tête de chien


Les jours froids s'étaient installés depuis quelque temps sur Shéwa et le Crazy Dog. La fameuse taverne s'emmitouflait autour de son âtre gigantesque et rugissant, sans cesse nourrit de grandes brassées d'acacias et de pins odorants, couvrant les remugles douteux des visiteurs moites d'humidités glacées.
En ces temps de Frimas, les affaires allaient de conserve avec le climat et tendaient à l'hibernation par son calme gelé. En effet, rares étaient ceux assez braves, affamés ou juste feignants de la marmite, prêt à gravir la petite colline où demeurait l'établissement pour s'affaler derrière ses tables garnis à petits prix.
Face à ce marasme, et dans l'optique de sauver de l'ennui ses employés tout autant que les finances de son bien, Asalte Warlaf, fière patronne aux éclairs de génie, mit en place un système de livraison jusqu'au village proche.

Ainsi, avec la formule du Crazy Dog Chaud,
vos plats arrivent à domicile sans vous geler les os! *



(offre soumise à conditions; ne dessert qu'un périmètre de 5km autour de la taverne; moyennant un supplément de 3sous par repas; la taverne ne garantit pas la chaleur de ses livraisons).

En pratique, cela impliquait plusieurs allée-retours du village à la taverne, d'une part pour enregistrer les commandes des villageois dans un premier temps, d'autre part pour les livrer à demeure en temps voulu par la suite. Rey, Touille et Atsumi étant peu disponibles (le premier parce que maître des fourneaux, le second puisque barman, la dernière car chétive et de service), ce travail revint aux deux autres restant dont les morphoses assuraient un office rapide et une meilleure résistance aux éléments frisquets.
De fait, c'est au retour d'une tournée de commandes pour le repas du soir qu'Asalte Warlaf croisa un étrange inconnu perdu et perclus de froid, errant aux abords de la taverne.

***************

Je trottinais rapidement, plongée dans la remémoration de mes livraisons, lorsque ma truffe capta une odeur inhabituelle qui me fit piler brusquement.

*Voyons... humain... Mâle... sueur froide... fatigue... senteur de papier et effluve d'encre... faim: UN CLIENT!*

Remontant la piste odoriférante, je tombai sur un curieux personnage blondin, aux bras enrubannés avec un soins digne d'une momie, comprimant sa cape autour de lui tel un sarcophage de fortune alors qu'il claquait des dents comme un pantin de ventriloque dépourvu d'artiste. Celui là devait provenir d'une contrée désertique, pour sûr, et à la façon dont il s'était laisser choir à terre, j'avais plutôt intérêt à me manifester si je ne voulais le perdre lui et sa bourse sonnante et trébuchante. Quoique... ma foi un mort n'a que faire de son argent n'est ce pas?

* Diantre! Il ne sera pas dit qu'Asalte soit chargonarde! * me morigénais-je.

Et puis, un mort ne peut dépenser quotidiennement son dû en bière et en repas; pas plus qu'il ne peut faire la promotion du Crazy Dog. Je m'avançais donc à découvert et aboyai doucement.
L'inconnu me remarqua enfin et ses yeux fatigués s'illuminèrent un bref instant d'un éclat de convoitise affamée. Bon signe : il était mûre pour débourser n'importe quel prix pour n'importe quoi à manger; chose qu'il me confirma quelques instants plus tard par un:

-« Bon, tu saurais pas où trouver à manger des fois ? Genre euh...du miam miam ? »


Et un brouet, Un! Je fis prestement demi-tour et regagnais la taverne. Sans prendre le temps de me morphoser et retrouver l'usage de la parole, je me dressai sur le comptoir, aboyai Touille, tendis mon museau vers la marmite de ragout, puis vers un panier, et enfin sur la caisse pour qu'il me prépare tout ça en sortant la facture. Ceci fait, je revins sur mes pas retrouver le blondinet des sables.
Ce dernier s'était déplacé -enfin trainé serait un terme plus indiqué en l'occurrence- si bien que je n'eus aucune peine à le rejoindre.
La tête qu'il me fit quand il découvrit le contenu de mon panier! Ça valait bien celle qu'il arbora ensuite lorsqu'il lu la note. Je pouvais presque suivre le cheminement de ses réflexions aussi hébétées que son expression au fur et à mesure que ses méninges s'enclenchaient.

- « Si il y a une note, alors il y a une auberge et donc...je peux manger au chaud ! »

*Oui oui, c'est exact Mr du désert à moitié crevé, il y a bien ma taverne dans le coin* pensais-je. *Le service et le repas t'en couteras pas moins de 6sous de cuivre avant même que t'y mettes les pieds.*

Mais voilà qu'il s'enflamme! L'humain se redressa fièrement et me pointa du doigt d'un air conquérant pour vociférer avec ardeur je ne sais quoi tant son accent était fort.
J'ai cru comprendre qu'il voulait du chien en morceau de viande piqué... On a pas ça au Crazy... et puis les bouts de rat en ragout passe très bien avec un bouillon de choux aux poireaux.
J'inclinai donc la tête et désignai le bol qu'il tenait toujours en main, attendant qu'il en mange.
Il parut surpris et un poil irrité que j'insiste de la sorte.

-« Hey chienchien, on y va! Tu veux que j'en mange hein? Et tu partiras pas tant que le bol ne sera pas vide?! Bon....»

L'étranger s'accroupit alors face à moi et se singea en troll en humant exagérément le contenu du récipient tout en se frottant le ventre de sa main libre:

-« Mmmmm le bon miamiam que le toutou il a rapporté! Ça sent bon! C'est un bon chienchien! Oups! C'est tombé …. quel dommage. Aller en route!»

L'abruti venait de lâcher son repas qui se répandit parterre en une flaque fumante. J'en écarquillais les yeux, outrée, émettant un couinement horrifié devant ce gâchis, puis reportais mon attention sur l'humain en plissant le regard d'un air mauvais.

*Tu vas voir toi... *

Je m'écartai vivement avant qu'il ne me flatte d'une caresse conciliante et partis d'un trot rapide sans l'attendre. Je l'entendis me suivre d'un pas hâtif et m'enfonçais sur une sente broussailleuse et étroite à l'opposer de la taverne. Bien vite, il dut sortir sa lame pour se frayer un chemin dans la végétation drue alors que je sautais aisément par dessus. L'entendre haleté sous l'effort était d'un délice sadique à m'en retrousser les babines. Ainsi, je l'emmenais un peu partout et parcourais la périphérie de la petite colline en évitant consciencieusement le chemin balisé et direct menant à mon établissement. Pour ce faire, nous gravîmes un affleurement rocheux, traversâmes le cours d'eau quasi gelé (moi de quelques bonds, lui en s'immergeant jusqu'à mi-cuisse), fendîmes le mur de ronces d'un bosquet fourni, sprintâmes dans une clairière dégagée, puis, lorsque je l'entendis supplier après moi, le fis tourner en rond sur 3km avant d'atteindre la porte en chêne du Crazy Dog.

J'y grattai en espérant que Ralki m'ouvre et me retournai pour contempler ma petite vengeance: L'humain trébuchait, exténué, trempé, griffé et décoiffé, les habits en vrac, râlant de soulagement à la manière d'un baryton d'opéra zombifée depuis 4mois.
La dessus, il s'effondra sur la porte, manqua de se rétamer lorsque mon vigile l'ouvrit à la volé, et se rattrapa tant bien que mal pour s'affaler au comptoir en beuglant pâteusement à travers toute la taverne un borborygme d'agonisant:

- « BiEeeErRrr.... ».



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Guilhem Svinoy

Guilhem Svinoy


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MessageSujet: Re: Encre Gelée   Encre Gelée Icon_minitimeSam 14 Avr - 13:53



Pour seule réaction, le chien inclina la tête, tel une vache qui aurait vu passer un gobelin monté sur le dos d’un cochon. Bon...l’humain ne s’était pas attendu à ce que le chien le comprenne parfaitement, mais il ne croyait pas qu’un animal puisse devenir stupide aussi soudainement. Il s’accroupit, ses genoux craquant sous le mouvement, une partie de son matériel cliquetant en touchant le sol gelé. Il soupira tout en esquissant un sourire désabusé sur le côté de son visage, les yeux grand ouverts et attentifs à la réaction du chien. Qu’est ce qu’il voulait donc ? Ne réalisait-il pas qu’il faisait affreusement froid ?

- Hey chienchien, on y va! Tu veux que j'en mange hein? Et tu partiras pas tant que le bol ne sera pas vide?! Bon....»

Il n’avait jamais eu l’intention de jeter le bol de soupe, son éducation survivaliste lui ayant appris à ne jamais jeter quelque nourriture que se soit, surtout s’il contenait beaucoup d’eau. Comme cette soupe. Et même si ça contenait du chou. Néanmoins, il aurait préféré manger ça ailleurs que l’arrière train dans la terre froide, avec la peau aussi bleu qu’un lutin des champignons. Et tout ça à cause de ? D’un chien qui voulait qu’il mange sa soupe de suite.

Le magelame hésita un instant craignait que le chien ne se montre par moment attardé. Et s’il ne comprenait pas qu’il mangeait bel et bien sa soupe ? Et s’il attendait jusqu’à la fin des temps qu’il le fixe, avec cet air bovin ? Cette idée l’horrifia : il avait déjà rencontré des créatures aussi stupides. Y compris des êtres humains. Il se devait donc de bien montrer au chien qu’il le mangeait. Il attrapa la cuillère et porta le contenu chaud juste sous ses narines, l’humant avec un jeu théâtral qui n’aurait pas trompé un ogre saoul.

- Mmmmm le bon miamiam que le toutou il a rapporté! Ça sent bon! C'est un bon chienchien!

Il prit donc une grande lampée de soupe, humant l’infecte odeur de choux qui donne des boutons et de l’urticaire (beurk) Puis, pour montrer à ce canin qu’il aimait (à peine) cette soupe, il porta sa main à son ventre, se le frottant comme un mauvais comédien.
Son mauvais jeu fut interrompu quand ses mains engourdies par le froid finirent par lui transmettre l’information concernant la température du bol sur la paume de sa main. La soudaine brûlure dans sa main le surpris, le faisant se secouer d’un soubresaut, suffisant pour menacer la survie de la soupe, qui préféra finalement céder à l’appel de la gravité.

- Oups! C'est tombé …. quel dommage. Aller en route!»


Le chienchien ne se fit pas prier, et partit à toute allure, s’engageant dans une piste couverte de végétation, poursuivi par un écrivain braillant. La rare faune de sortie en cette journée glaciale put ainsi voir un étrange convoi composé d’un chien se frayant un chemin parmi les buissons, poursuivi par un blondinet qui frappait les malheureux végétaux à l’aide de son épée à une main, tout en hurlant des insanités se rapportant aux génitrices desdits buissons.

La suite de leur folle escapade les mena à travers des ronces, épines, rivières glacées, bouses de faune locale et autres joyeusetés. Les poumons au bord de l’agonie à cause de l’air froid, le malheureux humain se mit à supplier le chien, son organisme peut habituer à la course d’obstacle en saison hivernale.

- Arh... hey le chieeeeeeen ! Moins viiite ! »






Son supplice ne prit fin qu’une petite vingtaine de minutes plus tard, lorsqu’une bâtisse se présenta dans son champs de vision. Il rassembla ses dernières forces et se traîna jusqu’à la porte, contre laquelle il s’affaissa, avant qu’elle ne s’ouvre devant un vigile dubitatif, contemplant ce qui ressemblait à une goule échappée du désert se raccrocher à la poignée, lâchant un gémissement d’outre tombe. Puis, dans un dernier effort, il poussa sur la porte, se jetant sur le comptoir, auquel ses bras s’accrochèrent comme s’il s’agissait d’une bouée de sauvetage au beau milieu d’un naufrage. Ses poumons se compressèrent dans un ultime sursaut, poussant un pathétique et tonitruant :

- BiEeeErRrr....

La suite se perdit dans une quinte de toux magistrale, comme si les poumons du malheureux Guilhem avaient décidé de sortir faire un tour sur le comptoir. Derrière lui, un vieillard auquel il restait autant de dents dans la bouche que d’air dans les poumons du nouveau venu, se mit à ricaner.

- Et bien, il est bien jeune pour boire !
-C’est qu’il s’en vide avant même de se remplir !


Les deux habitués éclatèrent d’un rire goguenard, parfumant leur environnement proche d’une odeur mêlant subtilement vin, repas à moitiés digérés, et problèmes dentaires. Insensibles à ces moqueries, le magelame se contenta d’attraper maladroitement la choppe que lui tendit le Lapéen qui faisait office de barman, et en vida la moitié du contenu dans son gosier, sans daigner remercier ce dernier. Il inspira profondément l’odeur ambiante, mêlant bois, tabac, musc, bière, boissons et aliments divers, calmant peu à peu son cœur qui battait la chamade. Une odeur familière, celle de la diversité, de toutes les classes, un mélange indéfinissable, mais si rassurant pour lui. Voilà un lieu qui lui convenait.

Sans dire mot, il commença a vider son pantalon trempé jusqu’à mi-cuisse de tout son fourbi, qui risquait fort de ne jamais sécher. Il entassa ainsi sur le comptoir un rasoir, un miroir, une dague, un cylindre entouré dans un morceau de cuir usé, couvert de morsures, une longue lamelle de cuir emmêlée, une pelote de ficelle, et deux dés en os, aux chiffres à peines visibles. Sans prêter attention aux réactions autour de lui, il ôta ses godillots, puis ses chaussettes trempées, s’essuyant rapidement les pieds avec l’une des bandes de tissu qu’il portait autour des bras : il n’avait pas envie de perdre ses doigts de pieds. Puis il ôta son sac de voyage, ainsi que sa gibecière, balançant au dessus de ce bazar indescriptible ce qui li avait fait office d’isolation contre le froid, se retrouvant les bras nus, ses tatouages claniques visibles aux yeux de tous. Il hésita quand à s’il devait enlever son pantalon pour se sécher, puis se dit que ça devait être une mauvaise idée, et resserra sa ceinture. Il ne portait désormais plus que son étui d’écriture en bandoulière, ainsi que son arme de prédilection dans le dos, accompagnée de deux épées de taille modeste accrochées à sa ceinture, leurs fourreaux simples et dénués de décoration gouttant encore.

Il renifla bruyamment, ravalant la morve qui remplissait son nez, s’attirant encore plus de remarques désobligeantes de la part des deux anciens installés dans leur coin. Néanmoins, un rapide coup d’œil envers la taille de ses couteaux de cuisine les dissuada de continuer, et ils se lancèrent promptement vers une activité plus plaisante, mais néanmoins non moins dénuée de risque : toucher les fesses de la nouvelle serveuse sans se faire voir par le videur, puis cacher sa jovialité alors qu’elle partait au trot comme une pouliche effarouchée.

Guilhem, quand à lui finissait de s’installer, ne s’inquiétant guère de la réaction des autres consommateurs ou des patrons. Il avait en effet appris quelque chose très rapidement sur les tavernes : un patron qui refusait un client qui payait était aussi rare qu’un orc manucuré. Néanmoins, il convenait de se justifier, et de montrer sa bourse le plus vite possible. Il se fit craquer la nuque en penchant sa tête vers la droite, touchant son épaule avec son oreille, puis commanda au barman :

- Si vous avez quelque chose qui réchauffe, je suis preneur et euh...je suis désolé pour le bazar mais c’est... votre chien fou qui m’a fait courir partout comme un fou avant de m’amener ici... vous pouvez me le servir en brochette ? Ou bien, juste un petit morceau de la queue c’est le meill...

- Humhum !


La quinte de toux le coupa en plein dans sa phrase. Et lui fit très vite regretter ses moqueries alors qu’il se retournait doucement, de l’appréhension liquide coulant le long de sa tempe.

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